Elle m’attend avec impatience, nous allons passer la soirée ensemble, juste toutes les deux.

Je discute avec sa mère, ça fait quelques temps qu’on ne s’est pas vues ; et, pour le dîner, il y a de quoi faire dans le réfrigérateur, on peut manger des oeufs à la coque avec des coquillettes si on veut, ou sinon, des knackis avec de la purée de carottes, il y en a dans un bol, au frais. Et non, moi non plus, je n’ai pas repris contact avec Stéphanie depuis la soirée… 

« Maman, tu t’en vas quand ? »

Elle prend ma main, m’attire dans sa chambre.

C’est la fin de la journée, elle est un peu fatiguée, nous allons commencer par une histoire. Elle passe son index sur le dos des livres soigneusement rangés sur la petite étagère, à sa hauteur. Elle recommence, les sort les uns après les autres. Elle cherche désespérément un livre particulier qu’elle ne trouve pas. Je lui demande le titre du livre, elle ne sait pas bien, mais il est question de trappeurs.

Je regarde, je fouille dans le tas de livres désormais étalés par terre, pas de trace de trappeurs. Il y a bien celui qui parle de castors, mais non, ce n’est pas ça du tout. Cet autre montre des chiens de traineaux, mais non, toujours pas.

« J’ai un livre pour toi ! » s’exclame-t-elle, disparaissant derrière un panier rempli de peluches. Elle en ressort triomphante, avec un ouvrage à la couverture usée. « C’est celui-là ! ».

Sur la couverture, je lis “Les 3 Brigands”. J’ouvre délicatement le livre. Des illustrations en noir et blanc représentent trois hommes masqués, armés de haches. « Le livre des Trappeurs ? » demandé-je, intriguée. Elle hoche la tête avec fermeté. « Oui, et ils font « tra” peur ! » ajoute-t-elle, en mimant une expression de terreur.